Édition de l’hiver 2022

Ateliers de recherche-création intersectoriels

Ces ateliers seront conçus et animés par Céline Huyghebaert, écrivaine et artiste visuelle. Au fil des ateliers, les participant·e·s seront amené·e·s à explorer l’écriture documentaire en jouant avec ses différentes manifestations (l’écriture de soi, l’écriture collective, la docufiction) et les relations qu’elle peut entretenir avec l’image. 

Atelier 1 : jeudis 13 janvier (par visioconférence) et 27 janvier de 18h00 à 20h00
Atelier 2 : jeudis 10 février (par visioconférence) et 24 février de 18h00 à 20h00
Atelier 3 : jeudis 03 mars (par visioconférence) et 17 mars de 18h00 à 20h00

Inscriptions jusqu’au 7 janvier 2022, dans la limite des places disponibles, à : pascale.millot@umontreal.ca

Céline Huyghebaert est artiste et écrivaine. Son travail lie étroitement le texte à l’image, au livre et à l’espace. En 2019, elle a reçu le Prix littéraire du gouverneur général pour Le drap blanc (Le Quartanier) et la Bourse Claudine et Stephen Bronfman en art contemporain pour sa pratique artistique. Elle fait actuellement un postdoctorat en recherche-création sur l’écriture interdisciplinaire et l’invisibilité des corps malades.  

Les créations littéraires

Sarah Bouhouita-Guermech

Sarah Bouhouita-Guermech est détentrice d’un Baccalauréat en neurosciences de la faculté de médecine de l’Université de Montréal. Elle est étudiante à la maîtrise en bioéthique.

L’architecture : un remède ?

« Entre quatre murs. Je suis du regard le trot de l’aiguille de l’horloge. Ses mouvements saccadés donnent l’impression que le temps peut se figer d’une seconde à l’autre. La lumière jaunâtre de la salle joue avec ma vision et je rentre petit à petit dans un trou noir au milieu d’astres filants qui m’emportent vers un nimbus multicolore. »

Matteo Esteves

« Habiter poétiquement le monde et en rendre compte » (Olivier Adam, 2005), voilà ce vers quoi aimerait tendre Matteo Esteves.

Dommages collatéraux

Fin septembre, l’été est bel et bien terminé. Même si le soleil est encore éclatant en ce milieu d’après-midi, il ne réchauffe plus l’air. Je ne bouge pas. Je suis planté sur ce banc juste à la sortie du métro Saint-Laurent, une partie du mobilier installé là pour les cinquante ans du rapport Parent. Je respire seulement quand j’y pense ou quand je sens que je manque d’air. Ne vous fiez pas à mon immobilité. N’ayez pas confiance, passants, pigeons ou voisins de banc. Ne vous fiez pas non plus à mon sourire quand je vous salue.

Mathis Harpham

la braderie de l’âme

Tante Rouge

Une teinte rouge.
Je vis enfin seul. Personne d’autre que moi. Personne pour me faire chier.
Je rentre, j’ai travaillé aujourd’hui, j’ai avancé, j’ai sué, j’ai été inconfortable. J’ai mérité. Je sais que demain, j’ai pas à me lever, alors j’ai pas peur de faire des trucs jusqu’à tard dans la nuit, dans ma petite bulle de lumière cachée, pendant que le monde dort.
La bande lumineuse du mur de ma chambre-cuisine-salon est réglée sur le rouge. C’est ma couleur de lumière préférée, j’aime l’ambiance tamisée. J’ai envie de lire, envie d’être. Je suis jeune, alors ça ne m’inquiète pas de vivre dans une pièce, de gagner juste de quoi payer mon loyer, en fait, pas assez pour payer mon loyer. Ma période de dépendance financière envers ma mère tire à sa fin. Je fais durer mes économies comme on étalerait les restes d’un pot de confiture sur un toast trop grand. On racle, on racle, on fait durer, on étale, juste pour recouvrir la surface, on sait que ç’aura pas de goût, la couche de confiture est trop mince.

Marie-Ève, alias MÉ est doctorante en communication et éducatrice paire aidante.

Faille(s)

Un soir, sur le trottoir, coin Mont-Royal et Saint-Hubert, alors que j’écoutais un musicien ambulant gratter sa guitare, la voix plaintive, en chantant une chanson triste des Cowboys fringants, tu m’as vue. Tu t’es approché de moi et tu t’es mis à commenter la scène, à une distance qui aurait pu me sembler préoccupante si je n’avais pas été si naïve. Tu étais mignon, avec tes grands yeux marrons et ton sourire en coin. Je me rappelle avoir pensé que tu n’étais sûrement pas un de ces hommes louches qui scrutent les filles, le regard concupiscent.

Marine Noël

Marine Noël est candidate au doctorat en littérature sous la direction de Claire Legendre (UdeM) et Véronique Montémont (Université de Lorraine, France).

Parle-moi de mamie

Ma mère a soixante ans. Elle est infirmière. Je lui ai demandé de me raconter sa vie. Elle n’en discute pas avec beaucoup de monde. Elle était enfant unique et les gens qui ont connu ses parents disparaissent peu à peu. Depuis plusieurs années déjà, j’écrivais sur ma grand-mère. Maintenant qu’elle est partie, je ne peux pas laisser ma mère en dehors de ce projet d’écriture. Toutes les trois, nous étions proches. Nous étions amies. Il fait bon se remémorer les choses ensemble.

Madeleine Savart

Formée en littérature française et en histoire de la philosophie, Madeleine Savart réfléchit aux enjeux littéraires, philosophiques et socio-politiques dans les débats sur la langue au XVIIe siècle.

Les abeilles

Allô ma chérie ? […]
Comment vas-tu ? […]
Alors, qu’as-tu décidé finalement ? […]
Oui, ça semble une très bonne idée, effectivement, oui. Et puis, c’est plus raisonnable si tu veux espérer profiter de ce temps pour travailler, oui. […]
Ah ça, pour être tranquille, tu seras tranquille ! Personne pour t’embêter ou te déconcentrer. […]
Est-ce que tu sais quel jour tu penses arriver ?